Décarbonation, sécurité énergétique et sobriété

10/09/2023 | Nouvelles technologies industrie btp et services

L'essentiel

Alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi forte, la crise ukrainienne et la mise sous tension de la filière nucléaire française (problèmes de corrosion et opérations de maintenance) ont de fortes répercussions sur les marchés de l’énergie et l’économie, provoquant la flambée des prix du gaz et de l’électricité sur les marchés de gros depuis le début de l’année.

Si un plan de sobriété national est en train d’être déployé par le ministère de la Transition énergétique pour faire face à la crise à court terme, notamment en matière d’économies d’énergies des entreprises, il est nécessaire de préparer la suite pour répondre aux défis économiques, sociaux et climatiques de plus long terme. Des décisions stratégiques et ciblées doivent être actées à court terme, lors de l’examen à l’automne 2022 du projet de loi relatif à l’accélération des énergies renouvelables, et de manière générale lors de la décennie actuelle pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, en s’appuyant sur les instruments et investissements du plan France 2030 (54 milliards d’euros, dont 34 milliards d’euros de nouveaux crédits, à mobiliser sur 5 ans).

Au-delà de ce soutien financier public conséquent, des mesures clés sont à prendre dès aujourd’hui pour encourager à davantage investir dans les nouvelles technologies ayant un fort potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre (cleantechs) et permettre leur passage à l’échelle. En particulier, si l’investissement en capital-risque (de l’amorçage à la croissance) dans les cleantechs a été multiplié par 4 sur les cinq dernières années en France, atteignant 1,9 milliards d’euros en 2021, seul 1% était destiné à l’innovation dans des secteurs de l’industrie lourde que sont les matériaux et la chimie.

Dès lors, pour contribuer au double objectif d’innovation et d’industrialisation de France 2030, ce document de synthèse, ainsi que les fiches détaillées qui lui sont associées, font l’état des lieux des forces et faiblesses de la France aujourd’hui sur 16 technologies sélectionnées. L’étude formule également des recommandations sur les actions stratégiques à engager pour favoriser le déploiement de ces technologies d’ici à 2030.

Ces technologies ont été sélectionnées en raison de leur fort potentiel de décarbonation à 2030 mais également, en majorité, pour leur contribution directe à l’accroissement de la sécurité énergétique de la France – via notamment une substitution aux combustibles fossiles, une réduction de la consommation énergétique et la réindustrialisation des territoires. Le déploiement à grande échelle de ces technologies permettrait d’éviter par an 15 % des émissions de CO2 et 16 % de gaz consommé en 2030.

Au même titre que le choc pétrolier de 1973 a amorcé l’investissement dans les renouvelables, la crise actuelle doit servir de point d’inflexion dans le rythme de déploiement des mesures et le passage à l’échelle d’une industrie française renouvelée, articulée autour des objectifs de neutralité carbone et d’autonomie stratégique.

Plus récemment, les principes de l’initiative Operation Warp Speed pour le développement des vaccins contre la Covid-19 peuvent servir d’inspiration face à l’ampleur du défi : des moyens à la hauteur de résultats précis et attendus, un développement agile, des partenariats public-privés, un alignement des intérêts et une diversification des solutions explorées.

Il en va de l’indépendance stratégique française et européenne et de l’avenir de notre planète.

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